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Une cuvée qui symbolise à elle seule la sagesse de Vincent Gaudry, à mi-chemin... vers son terroir, une distance qui tend vers zéro sans jamais l'atteindre
Si l'agriculture biologique est affaire de culture sans intrant ni pesticide, la biodynamie va plus loin, elle dépasse les compromis et propulse les vins vers un état de plénitude. Les vins sont alors baignés d'une douce énergie par delà les défauts intrinsèques à la main de l'homme, et par delà les difficultés climatiques du millésime. Ces vins qui nous retracent leur histoire jusqu'à leur racine, nous donnent de profondes émotions. Il faut bien parler ici d'une vibration intérieure, d'une résonance plus que de longueur en bouche ou de caudalie.
La biodynamie place le vigneron dans un rapport intime au terroir via son végétal. Il est concerné par la minéralité, la vie du sol, le climat, l'histoire. L'homme se met au service de la nature à travers toute sa finalité d'homme, c'est à dire la finitude de ses sens, son intelligence réduite à l'expérience et à la logique, reste l'instinct et l'imagination. Chaque vigneron, à travers ses quatre facettes sera le maître d'œuvre de son terroir. Chacun appréhendera sa terre avec une juste humilité.
Dans la biodynamie, il y a une valeur de dépassement de soi, permettre à la vigne de s'épanouir et d'offrir ce qu'elle reçoit du soleil, de l'air, de la terre et de l'eau. Fantasme absolu d'un effacement total, nous sommes fondamentalement marqués par le jardin d'Eden, l'homme porte en lui la faute originelle. Dans cette perspective on pense au nectar ultime, évoluant à même la plante, fermentation à même le grain, restant au contact de toutes les matières protectrices, où le geste de le cueillir ou même de le mâcher serait déjà trop interventionniste.
Une fois que l'on a fait le deuil d'un nectar inatteignable, on peut accepter la place de l'homme dans le vin, il n'y a pas de vin sans hommes, l'homme est grand par sa sensibilité, sa façon d'appréhender le monde. Les vins sont riches des échanges entre le vigneron et sa plante. La biodynamie est cosmique, biologique mais elle reste une pratique humaine, une quête inachevée du vin originel, expression pure du fruit et du terroir.
Odeurs animales dans le vin? Vache, veau, cochon et toute la ménagerie n'ont rien à voir avec le terroir
Que dire alors de ces bouteilles élevées dans le giron de la biodynamie qui manifestent force défauts: odeurs d'écurie, de pipi de chat, voire cul de vache. Le manque d'hygiène permet le développement de levures indésirables à l'origine de ces odeurs animales; les notes végétales sont liées à un manque de maturité des baies provenant soit de la peau, du pépin, du grain voire de la raffle, ou encore la présence de gaz révélateur d'une fermentation non terminée. Certains consommateurs apprécient ces caractéristiques et les associent au terroir, et persistent ainsi dans l'erreur. S'il est vrai qu'il est particulièrement difficile de conduire une vinification en biodynamie qui ne souffre aucune concession avec l'hygiène, le moment choisi de la récolte, les étapes charnières du vin, le plus grand des défauts du vin, le pire manquement qu'il puisse nous faire est de manquer de fond. La biodynamie n'érige que les principes qui permettent d'aboutir à un vin de terroir, elle n'est pas un gage de succès. Certains prendront leur plaisir selon leur éducation dans les défauts (humm cette bonne odeur de cheval), d'autres seront en mesure de regretter ces défauts mais percevront derrière ceux-ci le fond et l'énergie du vin, d'autres se satisferont de vins droits dans leurs bottes, propres mais manquant de sève. Le vigneron est un équilibriste, à chacun sa manière de s'élancer au-dessus du vide, à chacun sa manière d'appréhender l'inconnu.
Cette belle communauté réunit les vignerons du monde, sous des labels (Demeter, Biodyvin) ou associations telles que laRenaissance des Appelations. Beaucoup de jeunes vignerons en Italie du Nord se sont lancés afin de tirer partie de la richesse de leur sol, afin de retrouver fond et énergie, afin de transmettre les vibrations de leur terroir.
A bon entendeur, salut!
A venir, un point sur la biodynamie après la rencontre de Jean-Claude Rateau.